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Journal d'un écriturien polynésien
13 janvier 2005

Élections polynésiennes du 13 février 2005 : Appel aux fabriquants de la malpolitique

Les initiés versés dans les textes religieux ne démentiront pas cette phrase célèbre de Cohélet tirée de l’Ecclésiaste « Rien n’est jamais nouveau sous le soleil ». Pourtant depuis le 23 mai 2004, j’aurais envie de préciser « …sous le soleil de la bourgeoisie polynésienne », car pour ce qui est des enfants déshérités de Maui, ils ont démontré que sous le « soleil ma’ohi », ils souhaitaient un changement profond. Comme tant d’autres pseudo « indépendants » polynésiens depuis les années soixante-dix, des ambitieux sans envergure et à la morale douteuse abusent de nouveau de leur fortune ou de leur situation pour contrecarrer les vœux des plus défavorisés. Après Antonio Perez, Reynald Temarii, c’est au tour de Teva Sylvain d’encombrer le paysage politique polynésien d’un nouveau parti sans consistance et de polluer un débat politique déjà suffisamment enfumé des rejets malodorants des usines à lobotomiser du Tahoeraa Huiraatira. Une nouvelle conscience politique - que j’avais déjà appelée pour ma part à deux reprises au cours de l’année 1992 - est née (Cf. Les Nouvelles de Tahiti, 21 avril et 16 septembre 1992). Depuis le 23 mai 2004, notre pays a démontré qu’il voulait grandir et qu’une bonne moitié des électeurs avait mûri, repoussant le régime de terreur, d’exclusion et de corruption établi depuis des lustres par un gouvernement fantoche inféodé à un pouvoir parisien, encore et toujours colonial. Si les Perez, Temarii, Sylvain et consorts parvenaient à s’allier d’une façon ou d’une autre, ils ne démontreraient pas qu’il existe une troisième voie, mais simplement qu’ils sont d’une même corporation, celle des fabricants de la malpolitique. À savoir une meilleure manière de vivre l’autonomie en consommant un peu plus de valeurs à 0% de matière à penser, de principes jetables et d’idéologie bien grasse pour assurer la tranquillité des nantis. Toute l’histoire politique polynésienne a démontré qu’il n’y avait que deux voies pour la Polynésie : celle du dialogue démocratique et de la liberté ou celle du despotisme et du servage. Le débat sur l’autonomie ou l’indépendance n’est qu’une question de sens et de temps pour que ces deux notions se rencontrent et découvrent qu’elles ont la même origine et veulent dire la même chose. S’il y a une troisième voie, elle sera toujours celle du cœur, c’est-à-dire, à l’image de No ‘oe e te nuna’a, celle du désintéressement à l’égard du pouvoir et de la compassion pour les plus faibles. Tout nouveau parti politique qui souhaite émerger est crédible qu’à partir du moment où il apporte la preuve qu’il est porté par ces deux principes. Depuis une trentaine d’années, le peuple a toujours espéré que les Polynésiens les mieux instruits viennent les éclairer sur leur passé, leur présent et leur futur. Hélas, on sait depuis longtemps que le bagage universitaire, l’expérience gouvernementale ou la réussite dans les affaires ne sont pas toujours un gage d’intelligence, de probité ou de bon sens. Bien au contraire, ils peuvent alimenter la volonté des plus puissants de consolider un ordre social basé sur la domination du peuple ma’ohi par la classe des plus aisés, lui interdisant toute possibilité d’émancipation de sa condition de colonisé. Même si les spécialistes en communication enseignent aux hommes politiques qu’on fait de la politique comme on fait du marketing, en tentant de produire des idées adaptées aux besoins de publics ciblés, les fabricants de la malpolitique sont tombés dans l’excès et la caricature. Soit ils font de la sous-traitance pour le Tahoera’a huira’atira, soit ils imitent les marques déposées dans l’inconscient collectif par le Tavini huira’atira et le Ia mana te nuna’a depuis longtemps. Dans tous les cas, ces faussaires créent des idées factices bon marché destinées à perturber les choix de l’électorat et à l’éloigner des valeurs authentiques. Aussi, pour éviter d’intoxiquer notre pensée, boycottons donc la malpolitique car, encore une fois, elle n’annonce rien de nouveau sous le soleil ma’ohi et encore moins pour le taui. Jean-Marc Pambrun
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